La pluie et le beau temps de Farid El Hairy – JCP G, édition du 09 janvier 2023

Le 15 décembre dernier, la Cour de révision et de réexamen prononçait l’annulation de la condamnation pour viol de Farid El Hairy et le réhabilitait dans son innocence dix-neuf ans après avoir été condamné par la Cour d’assises des mineurs du Nord. Outre ce retour à la vérité, l’Histoire judiciaire retiendra ces mots du Président, exprimant avec pudeur un sentiment qui peine pourtant à masquer la lourdeur qu’implique la mission de juger : « A titre personnel, la dignité dont nous avons été témoin me conduit à espérer que, malgré le caractère limité de la réparation que nous vous offrons, l’avenir pour vous se présentera à partir de ce jour de façon différente. » 

On pourrait choisir d’appréhender cette affaire sous le seul angle d’une affaire judiciaire devenue vérité judiciaire avant de devenir erreur judiciaire. Mais en ces temps de mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles, elle pose la question du poids des accusations portées par les plaignant(e)s dans le procès pénal. En 2003, Farid El Hairy était condamné car la vérité portée par son accusatrice avait été entendue. En 2022, il était innocenté car, une nouvelle fois, la vérité nouvelle portée par son accusatrice était entendue.

En somme, sa culpabilité comme son innocence – la pluie comme le beau temps de sa vie – étaient entre les mains de cette jeune femme, ou plutôt dans le mystère qui motivait ses accusations et auquel la Cour d’assises n’avait pas jugé utile de s’intéresser.

Mais a-t-on parlé un seul instant de la vérité défendue durant toutes ces années par Farid El Hairy lui-même ? L’on sait tout juste qu’il a toujours clamé son innocence sans jamais être entendu. Si toutes les femmes ne sont pas des menteuses, combien d’entre-elles ont eu ou auront-elles le courage d’écrire au Parquet des années plus tard pour dire qu’elles avaient menti ?

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