Une volonté de protéger les mots de l’Auteur face aux maux de l’Histoire – COMMUNICATION COMMERCE ELECTRONIQUE SEPTEMBRE 2023 N°9 – Les Revues LEXIS NEXIS
A l’occasion d’une question écrite posée à Monsieur Jack Lang, alors Ministre de la Culture, au sujet du refus de mettre à disposition des œuvres d’art auprès du Musée d’art contemporain de Nice, celui-ci avait sobrement motivé cette initiative par l’idée selon laquelle «personne ne (peut) contraindre (l’auteur) à un geste contraire à sa conscience ».
Cette citation n’aura jamais eu autant de sens dans le contexte actuel où plusieurs voix s’opposent à la réécriture des œuvres littéraires les plus connues dans le but d’apaiser les consciences face au poids de l’Histoire et de ses maux.
La récente volonté de l’arrière-petit-fils de la célèbre romancière Agathia Christie de modifier plusieurs expressions contenues dans « Affaire de Styles » ou dans « Mort sur le Nil » attestent d’un changement de paradigme où les ayants-cause de l’auteur décédé, décident en lieu et place de leur ainé, de modifier leur œuvre afin de les faire correspondre à l’époque actuelle.
Cette volonté de neutralité se propage jusqu’aux éditeurs tels que Ian Fleming Publications, ayant-droit de l’auteur éponyme, ayant souhaité retirer les passages où le mot « nègre » figurait dans les œuvres du légendaire James Bond, ou encore Puffin, estimant que l’adjectif « gros » n’avait plus sa place dans le roman « Charlie et la Chocolaterie » pour désigner le personnage d’Augustus Gloop.
Les voies divines, jusque-là réputées impénétrables, vont également faire l’objet d’une rectification majeure : celle de ne plus désigner Dieu comme un homme mais plutôt comme une entité « non genrée », afin de ne plus heurter certaines catégories de lecteurs de la Bible
Autant de modifications emportant l’indignation de certains, évoquant une « purification » des œuvres les réduisant à l’ «état de discours »et regrettant l’hégémonie d’une dictature « wokiste » menée par la bien-pensance et ses safety readers, prompts à réduire toute notion d’injustice sociale fusse-t-elle cantonnée à un contexte politique et historique.
Mais à y réfléchir, bon nombre des exemples de réécriture émergent des pays anglo-saxons, berceau de l’idéologie wokiste en effet, mais également celui d’un copyright au droit moral réduit par rapport à celui du droit français où l’auteur a toujours voix au chapitre.
Ainsi que le fait judicieusement remarquer Mathieu Letourneux, l’auteur français peut modifier « son texte aussi pour des raisons de sensibilité ».
Ces observations reflètent l’importance du droit de repentir tel que défini à l’article L.121-4 du Code de la propriété intellectuelle, lequel, à l’instar du droit de retrait, est désormais sous le joug d’une proposition de loi « visant à protéger l’intégrité des œuvres des réécritures idéologiques » déposée à l’assemblée nationale le 10 mai dernier par Monsieur le Député Jean-Louis THIERIOT. L’objectif de cette proposition de loi est claire : éviter qu’un juge ne soit tenté de rendre transmissible, l’intransmissible, et céder ainsi à « l’influence wokiste » afin de préserver l’auteur des opinions de ses héritiers « influencées par l’air du temps »
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